Retranscription vidéo en français de Ben Brotherton sur Ken Paine (Par Emma Ayuso).
Bonjour et bienvenus à l’abbaye de Flaran, l’abbaye cistercienne du XIIème siècle, ici, dans le beau département vallonné du Gers. Je suis Ben Brotherton, artiste peintre britannique, installé ici avec ma famille depuis plus de 10 ans.
Aujourd’hui je suis votre guide, je vais vous accompagner dans l’exposition de Ken Paine, artiste pastelliste britannique qui est malheureusement décédé à l’âge de 93 ans.
On ne se contente pas de regarder que le sujet dans ce tableau de Catriona. On peut aussi admirer les constituants du dessin, ça veut dire les gestes, et dans cette partie ici, c’est comme un tableau abstrait par un artiste comme Cy Twombly, et évidemment dans la partie supérieure du dessin, ici, ça se concrétise plus et on voit qu’il y a un visage.
Il y a aussi une palette très limitée, dans ce dessin. Il y a noir, il y a blanc, a oui !, un peu de bleu foncé, quelques vestiges de marron, mais en général, ce n’est que blanc et noir, mais on voit aussi que en variant l’intensité de la pression de ses gestes, il arrive à faire des variations dans le noir. C’est la même chose avec le blanc, et parfois il mélange un tout petit peu les deux couleurs pour trouver des tons intermédiaires. Mais en général, il laisse parler la vitalité des gestes individuels.
C’est rare dans ses tableaux que la lumière soit diffuse et uniforme ; souvent c’est rasant. Ici dans ce tableau on voit que la lumière vient d’en haut, ça aide à créer les volumes des pommettes, la protrusion du nez. En effet, en peinture, si vous voulez peindre une sphère, vous avez besoin de le faire avec le contraste de l’ombre et lumière, sinon, vous allez avoir un cercle qui est plat.
Mais même si souvent il utilise la lumière pour créer des volumes, parfois il utilise la lumière comme une force oblitérant, parfois il laisse se noyer des formes dans l’ombre. C’est ce que l’on voit dans ce tableau, ici, qui s’appelle « Le rebelle » que, on devine ou peut-être on ne devine pas, la présence des yeux du modèle. Donc je trouve aussi dans le travail de Ken Paine, que, il questionne la perception : quels sont les indices que nous avons besoin de voir pour comprendre que c’est un visage. Comment peut-on évoquer la présence de quelque chose, mais rien faire.
Le dessin était une grande partie de sa vie, et ce que l’on voit c’est le résultat d’une vie consacrée au dessin, consacrée à l’observation des personnes autour de lui. Il y a une maîtrise de technique, une maîtrise artisanale, il y a une connaissance profonde de physionomie de visage et il y a des émotions qui sont révélées par ses œuvres.
Celui-ci était fait lors d’un salon devant un public, et c’est très charmant de voir le film de lui en train de travailler parce qu’il parle en continuité avec le public. Il essaye de se détendre, de faire rire les personnes qui sont là en train de le regarder dessiner, et je pense aussi il essaye de se détendre mentalement et physiquement, quand il est en train de dessiner. Parce qu’il sait que si mentalement il se crispe, ça va se voir dans la fluidité de ses gestes.
Pour moi c’était un grand plaisir de partager cette exposition avec vous. J’espère que vous allez l’aimer aussi et que dès que possible vous pouvez la visiter à l’abbaye de Flaran.